Stéphane Duroy
à Carleton-sur-mer

EXPOSITION

Unknown

Stéphane Duroy, Paris (Québec) | agencevu.com

Unknown, tentative d’épuisement d’un livre 

Après avoir arpenté l’Europe pendant plusieurs années , Stéphane Duroy va s’intéresser à un autre terrain , terre d’exil pour des millions d’Européens ayant fui l’Europe et ses tragédies, l’Amérique. De Coney Island jusqu’à Butte dans le Montana, Stéphane Duroy emprunte le chemin symbolique des migrants. À leur pénétration plus avant d’est en ouest dans le territoire américain, correspond l’oubli progressif de la catastrophe première qui a rendu l’exil nécessaire. Oublier pour continuer, pour survivre.  

Pour Stéphane Duroy, cette disparition inexorable des repères, les ravages de l’esprit pionnier, le culte de l’opportunisme, le mirage du « tout possible », fondent la puissance de l’Amérique et la minent en même temps. Comment trouver un ancrage dans une Amérique du mouvement perpétuel, de la vitesse et de la ligne de fuite ? « Nous, les Européens, avons construit le rêve américain, cette illusion monumentale à laquelle chacun de nous fait semblant de croire. »  

Stéphane Duroy n’en aura jamais fini avec l’Amérique, cette part maudite de lui-même. Il ne cessera d’y revenir, épris de ces terres à l’éclat sauvage, d’une lugubre beauté.  

En 2007, son livre Unknown paru, Stéphane Duroy récupère une centaine d’exemplaires qui constitueront désormais la matière principale de son travail, une mine sans fond dans laquelle il peut tailler : coller, monter, découper, scinder une image, en insérer d’autres, décomposer l’espace de la page et la recomposer sans fin, ouvrir une béance entre ce qui a été vu et ce qui a été imaginé. Tout revient, se rejoue, se recycle et renaît dans des livres comme des objets à essayer, à épuiser, méthodiquement, l’un après l’autre, sous toutes les coutures. S’échafaude peu à peu une archéologie, une sédimentation de matières brutes qui résistent et échappent. Au récit, au rendu, au raccord, bien au-delà de la photographie. Avec l’histoire comme terrain de jeu, le seul qui vaille la peine.  

Exposition aux Rencontres

Unknown

Né en 1948 à Bizerte, Stéphane Duroy vit et travaille à Paris. D’abord photographe de presse, Stéphane Duroy s’éloigne rapidement du reportage pour interroger l’histoire de l’Europe du XXe siècle marquée par deux guerres. Son travail a notamment été exposé aux Rencontres d’Arles (1991), à la Maison européenne de la photographie (Collapse, 2022) ou encore au BAL (Again and Again, 2017).  

Il a fait l’objet de plusieurs ouvrages parmi lesquels, L’Europe du silence (2000), Unknown (2007), Distress (2011), Geisterbild (2012), Unknown 2 (2017), Rencontres avec Stéphane Duroy par Sophie Bernard (Filigranes Éditions) ainsi que Guardian of time, (Only Photography) (2012), Slow motion (Éditions Bessard, 2021) et Stéphane Duroy (Collection Photo Poche, Actes Sud, 2024). Il est membre de l’agence VU’ depuis ses débuts.