Sarah Boutin
à Paspébiac
EXPOSITION
La prière a sa place parmi la mélisse, le thym, le feu, la baignoire, le lit, l’hôpital
Sarah Boutin, Montréal (Québec) | instagram.com/les_rousseurs
« Depuis la mort de ma grand-mère, mon corps n’a plus la force d’agiter la poussière avec l’eau pour en faire des plaques en plâtre ni celle de pétrir des masses d’argile pour façonner des oiseaux blessés. Aller à la fruiterie, peler et cuire la courge, la manger, laver l’assiette, m’allonger dans les trèfles mobilisent toute l’énergie dont je suis capable. Le quotidien, cette vie toute simple, sa lenteur, me rapproche du processus de délestage commandé par l’expérience de la perte. Elle se fraie une place dans la démarche artistique. Je retourne à l’atelier pour arroser l’hoya, je récupère un canevas de coton. Successivement je le porte, l’étends et le replie. Le tissu agit comme un linceul par lequel j’enlace ce qui survit à l’absente. J’inventorie les objets de ma production artistique – un moulage de paumes en cire, des coupoles de porcelaine – qui sont venus avant la perte comme on recense ceux d’une maison inhabitée pour la vider. Dans le jardin, le lilas, le tilleul, la mésange, me parlent des manières dont ma grand-mère en a pris soin. Cette documentation photographique tente d’apprivoiser les manques non pas comme des espaces à combler (la démarche que j’entreprends n’a pas une visée curative), mais avec lesquels apprendre à exister. » – Sarah Boutin
Exposition aux Rencontres
La prière a sa place parmi la mélisse, le thym, le feu, la baignoire, le lit, l’hôpital
Sarah Boutin détient une maîtrise en arts visuels et médiatiques en codirection avec le programme de création littéraire de l’Université du Québec à Montréal. Qu’ils soient visuels ou textuels, ses poèmes tentent de cueillir, de porter et de panser les expériences d’absence, d’amnésie ou d’anesthésie inscrites dans les corps-archives. Elle s’interroge sur les manières d’assurer une pérennité sensible des récits de filiation lorsqu’ils sont soumis à des expériences d’absence, d’amnésie ou d’anesthésie. Son travail a été présenté à la Maison de la littérature (Québec), à la Place des Arts (Montréal), à Art Mur (Montréal) ainsi que dans des contextes de résidences artistiques AgitLab (Portugal), Rencontres de création de Natashquan (Natashquan). Ses écrits se trouvent notamment dans les revues littéraires Nyx, Ex_situ et Moebius (prix du public 2022 et 2023), et elle a publié Prendre fin chez Pièce jointe en 2021. Elle vit et travaille principalement à Tiohtià:ke/Mooniyang/Montréal.