Maude Arsenault à Percé
(Parc national de l’Île-Bonaventure-et-du-Rocher-Percé)

EXPOSITION

Étoffe de soi : plis et replis, 2021

Maude Arsenault, Montréal (Québec) | maudearsenault.com

Étoffe de soi : plis et replis, 2021

« En tant qu’artiste, mère et féministe, je suis constamment à me demander comment les femmes peuvent se donner une valeur d’individualité dans l’espace privé et public, qui soit libre des modèles imposés par les structures dominantes, soit un espace où se connecter à soi, à son corps, à sa nature profonde.

« Les questions relatives aux structures de pouvoir et de performance qui régissent les conditions de représentations féminines ont marqué mon cheminement. L’acte photographique, par sa posture autoritaire, impose une forme de domination sur ses sujets, comme le dit Susan Sontag (Sur la photographie, 1977). L’appareil photo inspire quelque chose de voisin du désir, celui de posséder, de consommer, d’arrêter le temps, de transgresser la mutabilité de toute chose. De nos jours, nous absorbons et vivons les images à un rythme accéléré, et comme Balzac qui soupçonnait l’appareil photo d’épuiser les couches corporelles, les images d’une certaine manière, consomment la réalité. Je me suis donc demandé si l’expérience photographique était image ou chose.

« L’œuvre installative présentée ici dans l’espace du territoire gaspésien se veut par conséquent un dialogue entre l’image et l’image-objet ainsi qu’entre l’espace privé et l’espace public. Dans le contexte d’une pandémie et de nos vies qui se sont transformées, qui nous ont cloué.e.s à la maison tout en nous maintenant connecté.e.s au monde extérieur et en offrant un regard sur notre intimité, l’œuvre s’offre comme une réappropriation de l’espace à soi, comme une conversation entre la bulle, le corps et le persona. Le travail de l’image et de l’imprimé (textile) se superpose, se replie, se froisse. Comme nos vies et nos peaux qui se magnifient, s’enflamment et s’imprègnent du temps qui passe, l’étoffe ainsi transposée dans l’espace du territoire se fait d’abord séduisante mais s’usera malgré elle au gré du vent et des intempéries, elle se révélera enfin pour ce qu’elle est, soit mouvement, fluidité et vécu. » – Maude Arsenault

Exposition aux Rencontres

Étoffe de soi : plis et replis, 2021

La pratique artistique de Maude Arsenault se déploie comme une décontraction de son rapport au photographique, soit une déconstruction de la représentation de la femme en photographie. Elle réfléchit ainsi par le biais d’un regard subjectif sur les corps-espaces et les espaces-corps féminins. Son travail investit les thèmes de la représentation féminine, de l’espace privé, de la domesticité et de l’intimité à partir du prisme de la caméra et d’une pratique qui oscille entre compositions abstraites, textualité, portraits et images documentaires.

En 2020, Maude Arsenault a lancé sa première monographie photographique, intitulée Entangled, avec l’éditeur Deadbeat Club Press (Los Angeles, États-Unis). La publication a été présentée lors de nombreuses expositions en 2020 et 2021, dont aux Rencontres de la photographie de la Gaspésie et aux PUI (Nantes, France) et a été finaliste à titre de livre photographique de l’année au Singapore Photography Festival (2020). En septembre 2020, la photographe a remporté le grand prix international de photographie Hariban Award au Japon, elle a été sélectionnée par Lucy Gallun (MoMA), Emma Bowkett (FT Magazine, Royaume-Uni), Felix Hoffman (C/O Berlin, Allemagne) et Ma Quan (professeur, Chine). En septembre 2021, elle présentera une exposition solo à Kyoto, à l’occasion du festival Kyotographie.

Maude Arsenault est candidate à la maîtrise en arts visuels et médiatiques à l’UQAM et l’heureuse récipiendaire de la bourse du Centre des Femmes de l’UQAM (2020) et de la bourse en arts visuels Yvonne L. Bombardier 2021.