Érika Nimis
à Matapédia

EXPOSITION

Gàncah bu naat
(L’essor de la flore)

Érika Nimis, Montréal (Québec) | erikanimis.com

C’est durant une résidence du Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ) au Village des Arts de Dakar en 2019 qu’est née la série Gàncah bu naat* (se prononce « Ganthiak bou naat »), qu’on peut traduire par L’essor de la flore. Ayant pour point de départ une recherche photographique sur les derniers arbres qui « résistent » dans les villes du Sénégal, cette série interprète librement la diversité des relations entre les citadins et les arbres. Composée de diptyques et de triptyques, cette série en couleurs fait résonner poétiquement les photographies de l’artiste prises lors de sa résidence avec des photographies du botaniste Jean Berhaut (1902-1977), tirées de son ouvrage Flore du Sénégal.

Au Sénégal, pays qui a pour emblème national le baobab, les arbres sont sacrés, dépositaires de cultures et de spiritualités. Pourtant, ils sont au premier rang des victimes de l’urbanisation à marche forcée, de la bétonisation galopante, en particulier dans la région de Dakar. Les arbres sont tout à la fois : poumons, parasols, matière première, source d’énergie, faire-valoir que l’on coupe, que l’on peint, où l’on accroche de la marchandise, mais aussi des refuges, comme ces arbres du jardin botanique du campus universitaire de Dakar où des étudiants et des étudiantes viennent trouver la concentration et l’inspiration, à l’abri des turpitudes de la ville. Gàncah bu naat rend hommage à la beauté et à la résilience des arbres, en invitant les spectateurs et les spectatrices à se projeter dans un univers onirique où se tissent de subtiles harmonies entre les formes et les couleurs du monde des vivants.

* Ce titre en wolof, langue nationale du Sénégal, a été suggéré par Assane Ndoye, entrepreneur culturel et militant écologiste basé à Rufisque.

EXPOSITION AUX RENCONTRES

Gàncah bu naat
(L’essor de la flore)

Historienne et photographe de formation, Érika Nimis développe depuis le milieu des années 1990 une pratique à mi-chemin entre le documentaire et l’essai poétique. Par un travail sur la couleur, elle s’intéresse aux traces du passé dans le présent, en particulier aux lieux et aux choses qui ont été abandonnés ou sont oubliés, invisibles de prime abord. En 2018, elle a entamé un projet au long cours sur plusieurs lieux palimpsestes de Dakar, capitale du Sénégal. En mai 2018, un premier corpus de travail a été présenté lors de la Biennale d’art contemporain Dak’Art. En 2019, elle est retournée à Dakar pour une résidence au Village des Arts sur les arbres urbains. Érika Nimis est membre du collectif de femmes artistes visuelles La bête à têtes. Professeure associée en histoire de l’art à l’Université du Québec à Montréal, elle est par ailleurs connue pour ses travaux sur l’histoire de la photographie en Afrique de l’Ouest.