Dave Heath à Carleton-sur-mer
EXPOSITION
Dialogue avec la solitude
Dave Heath, Toronto (Ontario) | bulgergallery.com
Dave Heath est représenté par les galeries Stephen Bulger et Howard Greenberg
Photographe canadien d’origine américaine, Dave Heath (1931-2016) compte parmi les photographes les plus influents de sa génération. Explorateur de la condition humaine (W. Eugène Smith a été son mentor), c’est dans la rue qu’il capte ses personnages, cherchant à cerner au plus près leurs émotions intimes. La trentaine d’images que les Rencontres ont le privilège de présenter sont extraites de son livre A Dialogue with Solitude, publié en 1965. Un livre culte, que l’on peut comparer au livre d’auteur, une pratique encore marginale à l’époque, hormis l’ouvrage influent The Americans de Robert Franck.
Dans A Dialogue with Solitude, les personnages sont saisis dans les rues des grandes métropoles américaines au cours des années 1950-1960. Les sujets proviennent des communautés afro-américaines, de la contre-culture new-yorkaise avec des figures connues de la Beat Generation, de localités où se profilent les inégalités sociales, ou sont aussi des compagnons d’armes du photographe en Corée. Or, dans une certaine mesure, les lieux sont presque secondaires ici. Cadrage serré, gros plan sur les individus et sur les visages, densité des noirs, haut contraste et réduction de la profondeur de champ tendent à opacifier tout repère contextuel. Heath a plutôt cherché à rendre visible le portrait global d’une Amérique sombre à travers l’expression des visages, ceux-ci incarnant avec une certaine gravité le climat d’isolement et de vulnérabilité qui caractérise la société américaine d’après-guerre. À cet égard, son exploration des procédés techniques (il est passé maître de la chambre noire), contribue à accentuer la tension dramatique des œuvres, tout en les imprégnant d’une aura mélancolique et poétique.
Malgré la forte charge émotive qu’insuffle la proximité affective entre le photographe et ses sujets, ces derniers restent campés dans leur anonymat, distants, comme détachés de leur environnement, dans un temps suspendu. C’est peut-être à sa propre solitude que nous renvoie à travers l’autre un Dave Heath lui-même, abandonné par ses parents à l’âge de quatre ans. Effet miroir d’une introspection personnelle qu’il se garde bien de nous révéler, avec une grande pudeur.
Mona Hakim
Exposition aux Rencontres
Dialogue avec la solitude
Dave Heath, ayant connu dans son enfance l’abandon familial, les familles d’accueil et l’orphelinat, a longtemps souffert du manque de sentiment d’appartenance. Il a voulu être un artiste dès son jeune âge, ce qu’il considérait être la meilleure façon de découvrir le monde et de se trouver lui-même.
Il commence à faire de la photographie à la fin des années 1940. Il étudie brièvement au Philadelphia College of Art et à l’Institute of Design à Chicago, tout en étant assistant de photographes commerciaux.
Ses œuvres sont présentes entre autres dans les collections suivantes : le Musée des beaux-arts du Canada, à Ottawa; le Museum of Modern Art, à New York; l’Art Institute of Chicago, à Chicago; l’International Museum of Photography, à New York; la George Eastman House, à Rochester, New York; The Getty, à Los Angeles; le Nelson-Atkins Museum, à Kansas City; le Philadelphia Museum of Art, à Philadelphie.