Cristian Ordóñez
à Matapédia
EXPOSITION
Valle (Vallée)
Cristian Ordóñez, Toronto (Ontario) | cristianordonez.com
« Lorsque le Chili a retrouvé sa démocratie, en 1990, un remarquable processus de développement à l’occidentale (Moore, 1966) s’est mis en place, menant à des progrès macroéconomiques (Banque mondiale, 2021), mais aussi au délaissement de nombreuses communautés au pays (Siavelis, 2010).
« La vallée de Huasco est l’un de ces endroits. La vallée comprend quatre communautés dont la population totale est d’environ 72 000 personnes, réparties sur 150 kilomètres, de l’océan aux Andes. Sa principale activité économique est de loin l’exploitation minière, ayant l’un des PIB par habitant les plus élevés au Chili (INE, s.d.). Mais les nombreux problèmes socioenvironnementaux persistent dans cette région (INDH, s.d.). Même si la vallée de Huasco a été soumise au développement de projets industriels et miniers pendant des années (Bolados-García et al., 2021), des projets emblématiques ont été annulés, bien qu’approuvés par les autorités, en raison de la pression publique et des mauvaises pratiques socio-environnementales des entreprises. Les niveaux élevés de métaux lourds, les odeurs intolérables, la pollution de la mer locale et les sédiments permanents dans la rivière Huasco sont quelques-uns des effets de ces projets sur l’environnement (Insunza, 2015 ; Myllyvirta et al., 2020 ; Vargas Aceituno, 2014).
« Dans ce scénario troublant de développement, d’investissement, de justice et de méfiance apparaissent des conflits causés par la répartition inéquitable des « biens » et des « maux » sociaux et environnementaux qui menacent la santé, les moyens de subsistance et les identités sociales des communautés (Scheidel et al., 2020). Les interventions industrielles sur le territoire, même si elles créent des emplois, contribuent aux impôts et à l’économie locale, apportent du même souffle des externalités négatives qui affectent le mode de vie des gens. Les avantages économiques tirés de ces interventions ne sont pas répartis également et les gouvernements se comportent généralement de manière unilatérale (Amengual, 2018).
« Ce projet s’intéresse à ces communautés et à leur territoire afin de comprendre la logique de développement et le rôle que les multinationales y jouent. Après avoir visité la vallée, parlé à ses citoyens et photographié ses paysages variés, nous avons ressenti l’incertitude et l’abandon. Notre travail reflète le visible et l’invisible, l’éphémère et le permanent, les transformations, les adaptations, les relations et les conflits étroitement liés existant dans la vallée. » – Eduardo Ordonez-Ponce, professeur agrégé, Université Athabasca
Exposition aux Rencontres
Valle
Cristian Ordóñez est un artiste chilien basé à Toronto. Dans le cadre de son travail, il explore les parallèles entre des concepts comme la mémoire et l’appartenance, le territoire et l’architecture, le vernaculaire et le banal. Ces thèmes sont illustrés au moyen de la photographie de paysages, de structures urbaines, de portraits et d’abstractions.
Au cours des dernières années, l’artiste a reçu pour son travail la bourse Burtynsky (Canada) et le prix de l’Urbanautica Institute (Italie). Sa série Frequency a été sélectionnée pour le prix Leica Oskar Barnack (Allemagne) et a récemment fait l’objet d’une exposition solo à la Galería Animal (Chili). Son livre photographique On Trial, publié par acb-press (Australie), fait partie de collections telles que celles du Musée des beaux-arts du Canada, de la National Library d’Australie et de la collection Gabriela Cendoya Bergareche du musée San Telmo (Espagne).
Cristian Ordóñez a dirigé des ateliers et donné des cours à VU Photo, à l’Université de l’École d’art et de design de l’Ontario (OCAD) et à la Gallery 44. Il partage actuellement son temps entre son travail photographique et ses publications, l’édition et la conception avec sa maison d’édition Another Earth, et collabore avec des architectes, des universitaires, des éditeurs et des artistes.