Catherine Beaudette
à Maria

Un hangar est un lieu de travail. C’est aussi un espace conceptuel où les idées interagissent dans un flux créatif de résolution de problèmes.

La shed de Jacques est une installation composée de 150 photographies prises au cours des 10 dernières années dans un hangar situé sur la côte est de Terre-Neuve. Il s’agit du hangar de Jack Weeks, bâti à la fin des années 1800, dans la communauté portuaire de Duntara, Bonavista. Installées les unes à côté des autres, les photographies reconstruisent un coin de cette bâtisse qui servait autant à la menuiserie qu’à la construction de bateaux et au stockage du matériel de pêche. C’est là que se donnaient des cours avant la construction d’une école, que se tenaient les réunions de la ville et qu’était célébrée la messe dominicale occasionnelle. Construits et entretenus à la main, les dizaines de hangars dans le port étaient autrefois des espaces actifs utilisés tous les jours.

Le moratoire sur la morue en 1992 a entraîné leur désaffection, les pêcheurs et leurs familles ayant dû migrer ailleurs à la recherche d’un emploi. Tous les hangars restants, sauf deux, ont été détruits par l’ouragan Igor (2010) qui a vidé le port et réduit le rivage au silence. La shed de Jacques commémore la perte de ces hangars et des modes de vies qu’ils incarnent partout dans le monde. Jack Weeks est décédé en 2011 à l’âge de 88 ans, mais son hangar reste un lieu important pour les rêves et la créativité.

Une grande partie du travail de Catherine Beaudette est liée à la mer et aux communautés qui la bordent. Travaillant dans différents endroits et fouillant les détritus de la vie quotidienne, Beaudette photographie les espaces déserts et collecte des objets oubliés, empruntant ainsi aux méthodologies de l’archéologie, de l’anthropologie et de l’histoire naturelle, afin de créer des installations d’artéfacts, de spécimens et de sites d’intérêt qui évoquent les présentations muséologiques.