Benoit Aquin
à Bonaventure

Exposition

L’AGRICULTURE AU QUÉBEC, UN PHOTO-ROMAN D’ANTICIPATION

À l’extérieur de l’église de Saint-Bonaventure | 99, avenue de Grand-Pré | Bonaventure
Les ateliers du Funambule | 134, avenue de Grand-Pré | Bonaventure
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Benoit Aquin, Montréal (Québec) | benoit-aquin.com

Benoit Aquin affectionne particulièrement les sujets liés à des enjeux sociaux ou économiques, à des questions qui représentent de réels défis pour l’humanité.

Dans tous les cas, il tente, à travers sa photographie, de jeter un regard neuf ou au moins honnête sur les rapports de l’humanité à son environnement. Les catastrophes climatiques l’interpellent, comme en témoignent ses séries Tsunami (2004), réalisée en Indonésie, et Haïti (2010-2011). Les changements écologiques font aussi partie de ses préoccupations : le réchauffement climatique du Grand Nord québécois (2005) ou la crise alimentaire en Égypte en 2007. Benoit Aquin a remporté le prix Pictet en 2008 pour les images de sa série The Chinese Dust Bowl (2006-2007).

Exposition aux rencontres

L’AGRICULTURE AU QUÉBEC, UN PHOTO-ROMAN D’ANTICIPATION

« Intéressé par la réalité du monde agricole, j’ai récemment commencé à visiter des fermes à proximité de Montréal afin de les photographier. Non seulement ai-je trouvé un sujet qui poursuit les préoccupations écologiques qui guident mon travail depuis de nombreuses années, mais il m’a semblé que ces fermes constituaient un cadre adéquat pour radicaliser ma pratique photographique.

« Il faut savoir qu’à propos des perspectives offertes par le monde agricole à l’horizon de 2050, les agronomes Mazoyer et Roudart considèrent que nourrir une population mondiale estimée à 9 milliards d’humains supposera une intensification drastique de l’agriculture sur l’ensemble de la planète. Quelques errances dans les campagnes québécoises suffisent à témoigner que cette intensification est déjà effective. Là où la force de l’homme a été supplantée par une machinerie agricole de jour en jour plus sophistiquée, il n’existe plus de différences réellement significatives entre la production du vivant et l’industrie de l’armement. Là où la spécialisation du travail agraire désagrège des tissus communautaires immémoriaux, la quête spirituelle devient une bouée de survie. Là où, enfin, l’anthropisation de la terre nourricière a rompu l’équilibre et l’harmonie qui unissaient jadis l’homme et la nature, la vie est en sursis.

« Dans le contexte québécois, traiter de l’agriculture signifie s’intéresser à une réalité qui semble de moins en moins préoccuper les citadins, alors même que leur survie dépendra de choix économiques que nous faisons dès aujourd’hui quant à la gestion de nos territoires agricoles. À l’heure où le modèle libre-échangiste cause la fermeture de deux fermes par jour au Québec et que l’intensification des monocultures menace simultanément la fertilité de nos terres les plus riches ainsi que la diversité d’écosystèmes dont dépend la survie de nos campagnes, j’ai l’intime conviction que la force de la photographie permet de faire de ce médium un puissant outil de conscientisation face à ces enjeux.

« Après avoir tourné mon attention vers l’étranger, j’éprouve un vif besoin de travailler sur ma propre culture. Pour ce faire, j’ai exacerbé la picturalité de ma photographie par l’usage d’un flash direct qui amplifie l’intensité de l’acte photographique et qui génère des images possédant un haut degré d’abstraction, malgré qu’elles soient des descriptions brutes du monde tangible. L’importance de la picturalité dans mon langage photographique fait en sorte qu’en dépit de son ancrage dans le genre documentaire, mon travail a trouvé une résonance naturelle dans le champ des arts visuels actuels au cours des dernières années. Dans cette perspective, tirer profit de la force esthétique de ma photographie afin de faire entrer le sujet de l’agriculture dans ce champ me semble un moyen efficace pour réaliser le travail de conscientisation qui justifie mon approche militante de l’art depuis de nombreuses années. »

Benoit Aquin